L'alcôve

Il était arrivé rapidement aux falaises, pas si éloignées que ça des bâtiments. Il respira doucement et déposa lentement Emilie au sol. Les falaises étaient bien sûrs bien situées avec une vue imprenable sur l'Océan, et on pouvait même plonger du haut des plus basses...pour les plus suicidaires. Mike faisait bien sûr partie de ceux-là, bien que même lui trouvait cette activité comme relativement risquée, et pourtant, il n'était pas de ceux qui étaient refoulés par le moindre risque. Il jeta les filins d'escalade à terre et s'agenouilla au bord de la falaise pour observer en contrebas. L'année passée, il avait repéré une petite alcôve dans la roche, que l'on pouvait facilement atteindre. Les avantages ? Un calme et une vue imprenable, le cadre parfait pour deux tourtereaux en mal de risques et d'aventures.

"Ok...je la vois.....t'es prête à descendre ? C'est quand même vachement raide...tu voudra pas que je te prenne sur mon dos pour la remontée ?"

Il se releva aussi rapidement, à priori il avait regagné sa bonne humeur et son entrain habituel. Il se fixa autour de la taille une des deux ceintures d'escalade, la plus large, forcément, et y fixa rapidement un filin, tout en sachant que ce qu'il faisait là était parfaitement interdit.

*Si jamais Kacey a l'idée saugrenue de se balader dans le coin, je vais me faire sniper comme une araignée au bout de son fil...tant pis...*

Emilie savait que Mike n'était pas du genre à avertir à la légère. Elle en avait fait l'expérience en redescendant du toît. Il observa en contrebas et se rapprocha d'elle en se collant volontairement à son dos pour lui fixer sa ceinture, pas si simple avec les divers noeuds qu'il fallait faire correctement, il arrivait même à Mike de s'emméler dans la procédure. Il la taquina par la suite au creux de son oreille.

"Bizarre, d'habitude ces machins là rendent particulièrement horrible, surtout les filles, mais toi ça te va pas si mal..."

*En même temps, qu'est ce qui ne lui irait pas...*

« Bien sûr que je suis prête ! »

S’exclama-t-elle joyeusement.

« Et non, je me débrouillerais seule. Faut bien que j’apprenne. Et puis, je serais trop lourde de toute façon. »

Elle songea au fait qu’il venait de la porter depuis la salle de jeux de la colo…

« Je mets pas en doute ta force, mais bon, comme tu l’as dis-toi même, c’est super raide, je veux pas te compliquer la tâche. »

En même temps, elle avait aussi envie de lui prouver qu’elle était capable de faire quelque chose toute seule…

« Je suis une grande fille tu sais… »

A croire qu’on voulut prouver le contraire, car juste après avoir prononcé ces mots, la jeune fille glissa sur un caillou, poussa un petit cri et tomba dans les bras de Mike (*a failli mettre Neko^^*). Avec une petite moue gênée, elle dit :

« D’accord… on verra… »

Quand Mike se colla contre elle, elle feignit l’ignorance, même si l’envie de l’embrasser était grande.

« Mouais… ça doit être parce que ça cache mes grosses fesses… »

Dit-elle en grimaçant.

D’accord, elle ne trouvait pas particulièrement qu’elle avait de « grosses fesses », mais disons que son esprit de contradiction lui interdisait un simple « merci ».

Il l'embrassa volontairement sur la nuque, histoire de la taquiner un peu. Pas trop pour éviter de la déconcentrer, il s'agissait tout de même d'un sport à...disons haut risque. La ceinture attachée, il fit donc de même pour le filin. Il chercha ensuite des yeux un endroit où fixer les filins. Il repéra un rocher qui semblait par sa forme particulièrement adaptée. Traînant les deux filins, il les y fixa avec dextérité en insistant sur la solidité de la fixation. Si les filins lachaient la roche, ils étaient bons pour la chute. Il avança ensuite à reculons vers le bord de la falaise en contrôlant ses pas. Une fois arrivé juste au bord, tenu par le filin, il observa Emilie.

"Vas-y comme moi, jusqu'au bord, et laisse toi tenir par le filin. Tu risques rien. Ca tient bien. Par contre reste au bord, attends pour descendre, faut vérifier deux ou trois trucs..."

Il réfléchit un petit instant et observa les noeuds de sa propre ceinture, les détaillant minitieusement. Cela fait il pencha la tête en arrière, simple exercice d'assouplissement de la nuque.

*Pas trop de vent...ça a l'air calme...je pense qu'on aura pas de soucis....l'alcôve n'est pas des masses éloignée de toute manière.*

* Il le fait exprès… mais au moins, il a oublié ce qui s’était passé tout à l’heure. A moi de faire attention maintenant. *

« Bien papa, je te suis. »

Taquina-t-elle d’une voix enfantine.

Elle s’approcha de Mike, et donc, du bord. Elle jeta un coup d’œil en bas et s’écria :

« C’est drôlement haut quand même ! »

Mais elle ne semblait pas avoir peur, non, pas du tout même, au contraire, elle avait plutôt l’air excité par le risque non négligeable de leur virée.

« De toute façon, si je tombe, tu me rattrapes. »

Dit-elle avec un petit sourire.

« Mais je te promets que je ferais attention. »

Sa voix s’était faite plus sérieuse. Si comme la plupart des hommes, Mike aimait jouer sans doute jouer les héros, Emilie n’oubliait pas la peur qu’elle lui avait causée quand elle était tombée du toit.

Elle se pencha une nouvelle fois vers le bas en souriant. Ca lui rappelait la fois où elle avait fait du saut à l’élastique, un cadeau offert par ses amis. Enfin là, ce n’était sans doute pas quelque chose à tenter.

Mike observa chaque noeud de la ceinture d'Emilie. A priori tout concordait parfaitement. Il persista tout de même à vérifier encore et encore, si jamais il avait fait une erreur, cela pouvait s'avérer grave. A son soulagement il n'en avait à priori fait aucune. Il observa de nouveau en arrière.

*J'avais oublié à quel point c'était haut....c'est parti, il faut y aller maintenant.*

"Gardes les jambes à moitié fléchies. Et saute en arrière pour descendre en rappel. Pour le premier saut, on descend toujours de plusieurs mètres, c'est assez impressionant. Tiens toi aux poignées de ta ceinture, le filin risquerait de te couper, mon coeur. Restes bien face à la paroi, et quand tu arrives non loin, laisse tes jambes t'amortir. Il faut légèrement appuyer pour éviter de se prendre la falaise...après, tu repousses de nouveau fortement sur tes jambes, pour te renvoyer en arrière, et te laisser glisser le long du filin une nouvelle fois, et ainsi de suite. La méthode est tout simple, tu vois. Une fois arrivée à l'alcôve, en bas, tu y prends pied, et ne détaches surtout pas ton filin, je viendrai m'en charger et l'accrocher pour éviter de le perdre...on y va mon ange."

Il se retourna légèrement et se mit à rire d'un petit rire taquin, avant de prononcer une petite phrase, juste avant de se jeter dans le vide avec un léger sourire.

"Tu as de trés jolies fesses..."

Emilie écouta attentivement les consignes de Mike, sans lui rappeler qu’elle avait déjà fait de l’escalade auparavant. A quoi bon ? Et puis, ça lui rafraîchissait un peu la mémoire.

Souriant à son dernier commentaire, elle se contenta de le suivre à son tour, parfaitement confiante quant à ses protections.

* Allez, pour une fois, essaie de pas faire de boulette, ok ? Sinon, il va finir par se dire que t’es une véritable empotée. *

Elle avait déjà fait plusieurs sauts quand elle entendit un bruit bizarre, un bruit de frottement. Elle s’arrêta, trouvant une prise solide pour ses pieds et ses mains et inspecta rapidement son matériel. Là, elle poussa un cri étranglé et appela Mike d’une voix blanche.

« Mike… y’a un nœud qui se barre en sucette… je fais quoi ? »

Elle n’osait plus bouger. Surtout qu’elle était dans un endroit stable, alors inutile d’aller prendre des risques supplémentaires.

* C’est pas possible, j’ai la poisse. Il avait tout vérifié pourtant… *

Si elle n’avait pas été dans cette situation, elle aurait probablement cogné contre un mur pour se défouler, mais bon, là, ce n’était pas vraiment conseillé…

* Ca n’arrive qu’à moi ce genre de merde hein… *

Mike crut au départ à une plaisanterie, mais non, elle ne se serait pas stoppée de la sorte si cela avait été le cas. Il stoppa net sa descente, s'entamant légèrement la paume de la main, car il fut obligé de tirer fortement sur le filin. Cela fait, il se rapprocha de la paroi et se positionna directement en dessous d'Emilie, pour la rattraper si jamais elle tombait. Il commença ensuite une ascension en grimpant peu à peu, pas simple car la falaise était tout de même bien raide. Il finit par arriver au niveau d'Emilie et lui passa un bras derrière le bassin. Elle ne tomberait pas si le noeud lâchait.

"Mais bon sang, tout y était, qu'est ce que j'ai fait comme bourde..."

Il examina avec précaution la ceinture de sa main blessée et y trouva effectivement un noeud défait qu'il refit lentement de sa seule main disponible. En tirant un coup sec, il serra le noeud, et vérifia toute la ceinture par la suite. Une goutte de sang coula de la paume et partit en contrebas s'écraser dans la mer.

"Normalement ça devrait aller...je comprends pas ce qui a cloché...on va descendre lentement et à côté, d'accord mon coeur ? Doucement....ça me semble bizarre...."

Emilie attendit bien sagement que Mike arrive jusqu’à elle, sans faire le moindre geste. Elle le laissa ensuite refaire le nœud correctement, toujours sans bouger pour ne pas lui compliquer la tâche.

Elle se contenta ensuite de hocher la tête pour lui montrer qu’elle avait compris et s’apprêtait à le suivre quand elle ouvrit des yeux effarés.

« Mike, tu es blessé ! »

S’écria-t-elle en voyant sa main.

Bon, ce n’était peut-être pas dramatique, mais quand même.

« Tu vas réussir à descendre quand même ? Et surtout, à remonter ? »

Emilie le regardait, inquiète. C’était de sa faute s’il s’était blessé. Elle aurait peut-être du se débrouiller seule et ne pas le prévenir. Après tout, elle avait déjà fait de l’escalade, peut-être qu’elle aurait été capable de refaire le nœud toute seule… non, d’accord, c’était physiquement impossible. Mais peut-être qu’elle aurait pu continuer sa descente quand même… peut-être qu’elle n’aurait pas eu de problèmes…

« Je suis désolée… »

Dit-elle d’une petite voix de chaton (oui les chatons ne parlent pas, et alors ?).

* Je passe mon temps à être désolée… ça va vite l’agacer je sens… *

Blessé, blessé, un bien grand mot tout de même pour une coupure. Bon la coupure n'était pas des moindres, le filin avait bien entamé sa paume. Mais peu importait, il en avait connu d'autres. Il observa en contrebas et se mit à descendre lentement.

"T'inquiètes, ça me tuera pas...je me débrouillerai en bas...j'ai pas de pansement m'enfin bon, l'air salé se chargera du reste...viens, suis-moi, on descend doucement, y'aura pas de soucis jusqu'à l'arrivée en bas."

Bien qu'il conservait toujours son bras non loin d'Emilie pour éviter qu'elle se retrouve en bas si jamais quelque chose clochait une nouvelle fois. Au moins était-il sûr de pouvoir la rattraper. Il continua doucement sa descente jusqu'à ce qu'ils arrivent juste au dessus de l'alcôve. Mike posa un pied sur le "sol" et attendit qu'elle en fasse de même en se tenant un peu à l'extérieur, toujours par mesure de...précaution.

"Ok, tu peux y aller. Balances toi doucement à l'intérieur..."

*Allez, arrête de faire ta mère-poule, tu as tout vérifié...*

Emilie hocha la tête.

« Ok, je te suis. »

C’est ce qu’elle fit, très doucement, en faisant bien attention. Ce n’était pas tellement qu’elle s’inquiétait de nouveau pour son matériel, c’était surtout qu’elle voulait éviter que Mike ne s’inquiète.

Une fois qu’elle fut suffisamment bas, elle suivit les conseils de Mike, se balança et mit pied à terre.

* C’est pas trop tôt. *

C’est là qu’elle se rendit compte que descendre la falaise ne lui avait apporté aucun plaisir, aucune fierté, contrairement à son habitude… en fait, elle avait juste hâte de se retrouver là, seule avec Mike. Juste pour avoir un peu d’intimité, être seule avec lui, tranquilles…

* Tu te la joues romantique maintenant ? Ca devient grave ma petite. *

« Dis, tu peux me virer tout ça s’il te plait ? »

Avec un petit sourire, elle rajouta :

« Je parle du harnais hein… »

Ben oui, bien sûr qu'elle parlait du harnais. Mais quand on est dans la tête de Mike, on pense forcément au reste. Bien qu'il ne le laissa paraître que par un sourire aussitôt réprimé mais trés mal dissimulé. Il réfléchit un moment donné, puis s'avança vers elle et en un rien de temps défit les noeuds et lui avait enlevé la ceinture. Qu'il déposa un peu plus loin dans l'alcôve, toujours accrochée au filin. Il fit de même avec sa propre ceinture, en les accrochant autour de protubérances rocheuses ce qui leur permettait de rester là où elles étaient.

"Niquel....on risque de crâmer un peu vu le soleil, mais bon, on a un peu d'ombre là-dedans, à priori ça devrait aller."

Cela étant fait, Mike partit s'asseoir un peu plus profondément, adossé à un rocher, dans un petit coin d'ombre, à l'abri de la chaleur. Il tendit les bras à Emilie avec un regard qui approchait celui du chaton qui veut un gros calin, ou Bambi aussi.

*Et puis au moins on est au calme...y'a personne qui viendra nous déranger ici...sauf si un abruti s'amuse à défaire les filins, là on serait mal barrés.*

[Bambi, espèce de sadique !]

Emilie laissa Mike s’occuper du harnais tandis qu’elle observait un peu l’espace autour d’elle. Elle s’approcha un peu du bord, admirant l’horizon.

« C’est magnifique… »

Murmura-t-elle.

Elle se retourna et vit le regard de chaton que lui jetait Mike… elle n’y résista pas plus de deux secondes. Elle vint s’asseoir sur ses genoux et se blottit dans ses bras, posant sa tête au creux de son cou.

« Tu es venu souvent ici ? »

Demanda-t-elle, alors qu’elle regardait toujours l’horizon et le reflet du soleil sur les vagues.

Elle ferma les yeux quelques secondes pour ne sentir que la chaleur du corps de Mike.

« Tu y es venu seul ? »

Même si elle avait posé cette deuxième question le plus calmement possible, elle sous-entendait « avec d’autres filles ? ». Quand on est jalouse, on le reste… Emilie voulait vivre avec Mike des choses qu’il n’aurait fait vivre à aucune autre, était-ce à blâmer ?

* Pourquoi je me pose toujours des questions ? Il est avec moi maintenant, c’est le plus important, non ? *

"Non, je n'y ai jamais emmené de filles avec qui je sois en couple. J'y suis venu avec des gens de la colo', des filles oui, ou des mecs indifféremment. Je n'ai jamais eu l'idée d'y venir pour une question de...romantisme tu sais. Aprés tout il n'y en a pas beaucoup qui acceptent l'idée de se mettre en danger pour venir ici. De toute façon avec Kacey dans le coin et l'espace qu'il y a ici, c'est dur de venir à plus de trois ou quatre..."

Lorsqu'elle était venue contre lui, Mike avait refermé ses bras sur elle et inspiré d'aise en fermant les yeux. Il avait maintenant les yeux fermés et sentait un petit vent du large sur son visage. Il sentait aussi la chaleur et les cheveux d'Emilie qui venaient lui titiller la peau. Ce qui bien entendu ne le dérangeait absolument pas. Il eut envie de la taquiner un peu, aprés tout pourquoi pas ?

"Ah quoi que....je me demande si je ne suis pas venu ici avec......enfin, pourquoi est-ce que tu me poses cette question ?"

*Rho elle risque de mal le prendre...tant pis, elle pourra pas s'enfuir, je me ferais pardonner en plus....les filles. On aura beau dire, leur jalousie ça fait craquer...*

Emilie se sentit rassurée par la réponse de Mike… enfin au début. Comme il ne terminait pas sa phrase, elle se raidit aussitôt et quitta même ses genoux pour le fixer avec des yeux noirs.

« Avec qui ? Vas-y, dis-moi ! »

D’accord, la jalousie chez Emilie était quelque chose d’assez extrême. Mais pouvait-on lui en vouloir ?

Elle croisa ses bras sur sa poitrine, attendant une réponse. C’est qu’il avait l’air d’en jouer en plus… et ça marchait. Elle était furax.

« Et qu’est ce que vous avez fait ici, hein ? Admiré le coucher de soleil peut-être ? »

Hum, elle laissait plus ou moins sous-entendre que Mike couchait avec tout ce qui passait…et l’idée qu’il ait pu le faire ici avec une autre la mettait hors d’elle.

Finalement, elle lui tourna le dos et retourna voir de plus près l’horizon toujours aussi beau. En fait, c’était surtout pour cacher ses larmes de Mike, qui commençaient à naître au coin de ses yeux et qu’elle savait ne pas pouvoir retenir.

* Tu chiales toutes les deux minutes ou quoi ? Oh bon sang mais qu’est ce qui m’a pris de parler de ça moi ? Je peux pas la boucler de temps en temps ? Je me fais souffrir toute seule… *

Mike craquait plus qu'il ne s'agaçait du comportement d'Emilie. Aprés tout cette jalousie était une bonne preuve d'amour, non ? Ou de possessivité. Peu importe, les deux comportements attiraient Mike comme l'aimant attire l'acier. Il réfléchit un instant lorsqu'elle lui tourna le dos. Voilà qu'elle se mettait à bouder...adorable. Il fallait se faire pardonner, aprés tout cela ne dérangeait pas Mike le moins du monde. Il se leva doucement et se rapprocha d'elle sans bruit en se collant à son dos et en entourant son ventre où il déposa doucement ses mains, croisées, avant de venir embrasser sa nuque d'un baiser appuyé et adorable, qui était appliqué sans pour autant être aspiré. En somme un baiser doux, chaud, calme...

"Je suis prêt à te jurer que je n'ai jamais eu de rendez-vous romantique ici. Je n'y ai jamais amené personne qui soit dans mon coeur tout simplement parceque c'était trop dangereux et trop épique, et que la plupart des filles ne sont pas accros' à ce genre de sensations. Et puis toi tu n'es pas pareille. Tu aimes le danger, tu es aussi active que moi."

*Tu en connais beaucoup des filles qui auraient accepté de suivre un mono' à moitié félé dans un lieu complètement interdit suspendue au bout d'un filin pour descendre dans une alcôve de falaise ?*

Puis Mike lui embrassa le cou à deux reprises. De baisers plus appuyés cette fois, à la manière d'un gamin qui veut s'excuser de quelque chose, même s'ils détenaient une dimension passionelle et fusionelle, amoureuse en somme.

"Et puis...c'est toi que j'aime. Pas toutes ces filles."

Emilie s’apprêtait à le repousser quand il vint se coller à elle, mais finalement, elle le laissa faire. Après tout, elle pouvait bien le faire mariner un peu. Elle se laissait donc faire, mais restait (ou en tout cas donnait l’impression) de marbre.

« Moui… donc c’est pas faute d’avoir essayé alors… »

Elle fit une petite moue boudeuse.

« Qu’est ce que j’y peux si les autres aiment jouer les princesses prisonnières qui doivent se faire libérer par un preux chevalier ? Désolée, mais moi, les preux chevaliers, j’y croirais quand je les verrais. »

* De toute façon, je n’ai rien d’une princesse. Encore moins d’une princesse qui a besoin d’être sauvée. Je suis capable de me débrouiller seule moi… *

Quand il lui embrassa le cou, elle le repoussa légèrement, sans grande conviction, juste histoire de lui faire comprendre que ça ne suffirait pas.

« Et si demain y’en a une autre qui est prête à te suivre ici, hein ? »

Elle ne croyait pas vraiment à ce qu’elle disait, après tout, Mike lui avait suffisamment prouvé son amour. Enfin, elle voulait qu’il… la séduise, pour se faire pardonner. On ne joue pas impunément avec la jalousie d’une fille amoureuse.

* Il a fait exprès de me dire ça pour me rendre jalouse… il a réussi, maintenant, il se débrouille. *

"Il faudrait d'abord que cette autre aie tes yeux, ton sourire, et ton visage. A part toi, ça n'existe pas."

Lorsqu'elle avait tenté de légèrement le repousser, Mike avait tenu, il était resté collé à elle, en la serrant légèrement. Aprés tout il l'entourait encore de ses bras, s'il devait rester collé de force il le ferait. Elle lui avait parlé de ces histoires fleur bleue de chevalier et autre. Peu importe, Mike comptait bien en jouer...de quelle manière ? Il lui fallut une dizaine de secondes de réflexion pour trouver une contre-attaque adaptée. Il observa le cou d'Emilie et releva doucement la tête pour poser ses yeux sur son visage avec un sourire trés calme, un brin provocateur, dans le bon sens du terme.

"Et tu ne veux pas jouer ma princesse ? Pas celle qui se fait délivrer par le beau chevalier, celle qui se fait retenir prisonnière dans une alcôve d'une falaise par le méchant qui cherche à lui faire du mal....bon d'accord, j'ai pas envie de te faire du mal...."

Dernière phrase lancée avec un brin d'idiotie, de l'humour en quelque sorte. Aprés environ une seconde où il leva les yeux vers le ciel, du moins vers le "plafond" de l'alcôve, il poursuivit en répliquant au creux de son oreille, presque soufflé, alors qu'il venait d'embrasser une nouvelle fois son cou.

"Non...de toute manière tu ne peux pas jouer. Tu es ma princesse. Tu n'as pas besoin d'en jouer le rôle. Je ne veux que toi, pas une autre. De toute façon à tout point de vue moral ou physique tu es plus belle que n'importe quelle fille. Et puis surtout tu me fais battre le coeur, il n'y a rien qui soit plus doux que ça."

« Donc ça veut dire que si quelqu’un se faisait passer pour moi… »

Mais elle souriait. Mike était pardonné, elle avait simplement pris goût à ses compliments et à ses paroles rassurantes.

« Ah oui ? Et si la princesse se montre réticente ? »

Demanda-t-elle alors qu’elle passait ses bras autour de son cou.

Elle fit une moue faussement étonnée quand il lui dit qu’elle lui faisait battre le cœur.

« Ah bon, je te fais battre le cœur ? Tu permets que je vérifie ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, une des mains qui étaient autour de son cou descendit lentement jusqu’au bas de son haut, puis elle se faufila dessous et refit le chemin inverse jusqu’à l’endroit où se trouvait son cœur. Son autre bras était descendu pour désormais l’enlacer dans le bas du dos et elle se colla contre lui.

« Oui effectivement, il bat… tu es sûr que c’est grâce à moi ? »

Elle releva vers lui des petits yeux de chaton amoureux et innocent.

* D’accord, je n’aurais pas résisté très longtemps… tant pis. *

Sa main était toujours posée sur son cœur et elle effectuait de petites caresses circulaires de ses doigts, sans bouger pour autant.

"Il est impossible d'imiter tes yeux et ta voix. Tout ça c'est impossible, aucun déguisement du monde ne le pourrait. Et puis la personne ne me ferait pas battre le coeur, et je le sentirais tu sais. Je suis comme les fauves : je sens qui est devant moi. Et là je sens que c'est la femme de mes rêves..."

Il marqua une petite pause puis reprit avec la même voix.

"La princesse a-t-elle envie de se montrer réticente ? Si elle veut, elle peut. Mais le méchant serait trés.....désapointé. Tellement qu'il serait obligé de venir l'enfermer encore plus, comme ceci tu vois."

Ce fut à ce moment qu'il la serra lentement dans ses bras, et qu'elle pouvait se rendre compte que même en le voulant, elle ne pourrait pas partir. Cela-dit Mike la laisserait partir si elle le voulait, il n'était tout de même pas un psychopathe. Quoi que...

"Il bat plus vite que d'habitude, et ça c'est grâce à toi."

Finit-il un petit regard et sourire amusé au comportement d'Emilie qui le faisait pour ainsi dire plus que craquer. Il ne pouvait peut-être pas se retenir, mais elle non plus, chacun sa drogue.

« De tes rêves ? Mais les rêves ne se réalisent pas… »

Murmura-t-elle avec un sourire.

Qu’il la retienne prisonnière dans ses bras ne la dérangeait pas le moins du monde, puisqu’elle y serait volontiers restée d’elle-même. Et puis, comme méchant, on trouvait pire…

« Mais… peut-être que la princesse pourrait tenter de séduire le méchant pour s’enfuir ensuite… ? »

Sur ces mots, la main qui était dans son dos passa sous son haut pour le caresser à même la peau, puis elle l’embrassa. Quand elle se décolla enfin de ses lèvres, avec regrets, ce fut pour répondre à sa phrase.

« Le mien aussi bat plus vite que d’habitude… et c’est aussi grâce à toi… regarde… »

Elle lui prit la main et la glissa sous son débardeur, comme elle-même l’avait fait pour sentir le cœur de Mike, elle la posa de façon à ce qu’il puisse sentir le rythme des battements, rythme qui s’accéléra dès qu’il posa sa main d’ailleurs, puisque par définition, son cœur se situait derrière sa poitrine. Elle laissa ainsi la main de Mike tandis que la sienne reprenait place dans son dos.

D’accord, ce n’était pas quelque chose qu’elle avait pour habitude de faire, mais on geste était plus à titre romantique qu’autre chose.

"Si, ils se réalisent. Regarde. Je suis avec la fille de mes rêves dans un cadre de rêve et je suis prêt à rêver, et j'ai vraiment pas envie de me réveiller. On ne se réveillera pas, pourtant c'est la réalité. Justement, la princesse n'a pas besoin de séduire le méchant, il est séduit dès qu'il la voit et c'est pour cela qu'il la retient."

Mike n'était pas un poête dans l'âme, mais il savait y faire quand il s'agissait de romantisme, tout de même. En revanche, ses instincts masculins reprirent le dessus lorsqu'Emilie lui passa la main sous son haut. Emilie aurait peut-être pu s'en apercevoir vu qu'ils étaient collés, mais il fit mine de rien et continua ses paroles fleur bleue.

"Oui il bat vite, c'est peut-être pour ça que tu as des yeux qui font palir l'océan. Ton coeur bat vite parceque je tente d'y rentrer, je veux y être, et je veux y rester."

*Tu te surprends pas à raconter de telles conneries quand même ? Non c'est pas des conneries mais on dirait vraiment le genre poête du quinzième...*

Il lui passa sa main dans les cheveux en ôtant "involontairement" son élastique ce qui eut pour effet de lui détacher les cheveux. Il faillit craquer en la voyant ainsi, il aurait juré avoir affaire à un ange, mais non il n'en laissa rien paraître, si ce n'est qu'il vint l'embrasser à pleines lèvres.

« Ah oui ? Mais peut-être que la princesse voit le méchant comme son prince charmant, dans ce cas, il n’a pas besoin de la retenir… »

Elle l’embrassa de nouveau avant d’ajouter :

« En tout cas, la princesse a beaucoup, beaucoup de chance de l’avoir. »

Elle se rendit effectivement compte de… l’effet qu’elle avait produit à Mike, mais décida de faire comme si de rien n’était. Après tout, ce ne seraient pas souvent qu’ils joueraient les romantiques. Quoique…

« Tu n’as pas besoin de tenter quoique ce soit, car tu es dans mon cœur, et je ne compte pas te laisser en sortir. Parce que sans toi, mon cœur perdrait toute raison de battre. »

Si Mike trouvait étrange de parler ainsi, Emilie le pensait tout autant.

* Emilie, je crois que tu nous as pété un plomb là… *

Ah oui ? Peu importe, elle s’en moquait bien. Elle était là, avec l’homme qu’elle aimait, seuls, avec un panorama magnifique. Alors qu’est ce qu’une case en plus ou en moins…

Quand il défit sa queue de cheval, elle laissa ses cheveux retomber librement sur ses épaules, sans faire le moindre geste. Elle avait fini par comprendre que Mike aimait la voir avec les cheveux détachés, même si elle ne comprenait toujours pas pourquoi.

* Laisse tomber. Arrête de réfléchir et profite de ton temps avec lui. *

C’est ce qu’elle fit en l’embrassant une nouvelle fois.

Mike cessa de parler, aprés tout il semblait ne plus détenir les mots adéquats pour exprimer ses pensées, mais de toute manière, tout se lisait dans ses yeux, sans que l'on ne puisse l'exprimer par la parole, c'était sans doute ce tendre sentiment que l'on appelait communément "amour", influençant les faits et gestes d'une personne au point de pouvoir bloquer certaines de ses fonctions et d'en stimuler d'autres.

Mike restait calme et respirait lentement, même si les battements ultra rapides de son coeur le trahissaient amplement. Mais il s'en fichait. Il était avec elle, juste elle, rien qu'elle. Alors qu'elle l'embrassait, il la serrait encore plus fortement, pas décidé d'un pouce à la lâcher. En un tel instant, cela lui semblait tout simplement improbable. Il la tenait toujours dans ses bras lorsqu'il recula et s'assit de nouveau contre le roc, la forçant donc à suivre le mouvement et à s'asseoir non pas contre le roc mais contre lui.

Il avait l'impression que le temps ne circulait plus, qu'il s'était littéralement arrêté, stoppé, achevé. Il pensait exactement à....rien. Pour rien au monde il ne voulait interrompre cet instant, il ferma même les yeux d'aisance et respirait lentement alors qu'il avait l'impression que son coeur allait littéralement éclater. Mais non, cela ne se pouvait pas, et pour une des rares fois dans son existence, Mike était vraiment heureux.

(Si on m'avait dit un jour que je rédigerai tout un post en narration romantique x_x).

Emilie se laissa aller dans ses bras, contre lui, appuyés au roc. Et cette fois, elle n’avait aucune intention d’en partir.

Alors qu’il la serrait dans ses bras, elle ferma les yeux et plongea dans ses souvenirs. Avait-elle déjà vécu pareil moment ? Non… les rares fois où elle s’était retrouvée seule en compagnie d’un garçon, il avait toujours tenté de… enfin, peu importe, dans ces cas-là, le garçon en question avait été incapable de supporter la position assise durant un certain temps.

De toute façon, avait-elle déjà était heureuse à ce point ? Non, il ne lui semblait pas. Oh, elle n’avait pas eu une vie malheureuse, loin de là, en tout cas, elle ne le voyait pas comme tel, mais elle avait toujours vécu avec superficialité, sans accorder d’importance à quoi que ce soit. Et maintenant, pour une fois, elle venait enfin de donner un poids à son existence, une véritable raison d’être.

« Mike… »

Murmura-t-elle, osant à peine briser le silence agréable qui s’était installé entre eux.

« Je t’aime tu sais… »

Cette phrase là aussi avait été murmurée, à peine un souffle, mais dans le silence qui les entouraient, elle était claire comme de l’eau de roche. Elle avait relevé son regard de chaton vers lui et le fixait passionnément, une lueur évidente d’amour dans les yeux.

Elle glissa sa main dans la sienne, entremêlant leurs doigts et la serrant suffisamment pour lui faire comprendre qu’elle voudrait ne jamais le quitter.

Son rythme cardiaque s'accéléra brutalement lorsqu'elle prononça les mots. Il le contrôla à grande peine de manière à le faire de nouveau tomber à un rythme normal. Il réfléchit un instant sans trop savoir que répondre, alors qu'il finit par se rendre compte qu'une seule réponse s'imposait réellement. Il ouvrit les yeux et observa au fond de l'horizon, le panorama qui s'offrait à eux, avant de répliquer tendrement, d'une voix faible, murmure soufflé.

"Moi aussi je t'aime tu sais..."

Que pouvait-il dire d'autre ? Il se perdit dans des considérations inutiles alors qu'il referma les yeux, pas prêt de lâcher son étreinte autour d'Emilie. Les heures pouvaient passer tant qu'elles le souhaitaient, peu importe : Mike n'aurait pour rien au monde voulu écourter ce genre de moments, même après plusieurs secondes, minutes, heures, jours. Quoi que d'un point de vue réaliste, vivre d'amour et d'eau fraîche était difficilement réalisable...tant pis.

*Je fatigue...si on pouvait rester là jusqu'au coucher de soleil...c'est vraiment sublime....au pire dormir même...quelle importance après tout !*

Quand Mike répondit à sa déclaration, elle se serra un peu plus contre lui. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine, et elle avait ressenti une immense chaleur dans tout le corps. Incroyable ce que ces simples mots pouvaient faire comme effet quand ils étaient dit avec sincérité…

A croire qu’elle lisait dans ses pensées, car elle demanda :

« Tu crois… que quelqu’un s’inquiéterait… si on ne rentrait pas passer la nuit à la colo ? »

D’accord, ils n’avaient rien prévu pour, mais après tout, quelle importance ? Ce n’était qu’une aventure de plus. Et puis, elle n’avait aucune, mais alors aucune envie de rentrer. C’est endroit était tellement… à la fois sauvage et romantique.

* J’ai l’impression que je pourrais rester là toute ma vie… du moment qu’il reste avec moi. *

C’était étrange à quel point elle-même et Mike étaient capables de rester inactifs… ce n’était pourtant leur genre ni à l’un, ni à l’autre.

« Enfin oui je sais, c’est bizarre… on a rien, ni nourriture, ni rien pour dormir mais… »

Elle soupira.

« Mais j’aimerai bien passer la nuit ici avec toi. »

A ces mots elle resserra davantage son étreinte autour de lui.

"Bof, la colo' est presque vide...au pire Kacey, mais elle ne passe jamais dans ma chambre, elle a un peu peur de mes gros coups de folie. Et puis bon...par contre faire de l'escalade sans manger......moi je peux, mais tu pourras remonter sans rien avoir avalé demain ? J'ai pas tellement envie de prendre le risque...ou alors je te prends sur mon dos...faut' pas croire, descendre c'était simple, remonter le sera moins..."

Lorsqu'elle avait reserré son étreinte, il avait fait de même. La coupure dans sa main commençait à se refermer et le sang formait une sorte de plaque sèche et pourpre dans le pourtour de sa paume. Aprés tout ce n'était qu'une blessure, il en avait vu d'autres...mais il ne parvenait pas à se résoudre à devoir la voir monter de nouveau sans rien dans le ventre, non, c'était une trés mauvaise idée, et même Mike n'était pas prêt à courir ce risque là. Il respirait doucement avant de relancer la discussion aprés l'avoir embrassée dans les cheveux.

"Tu veux que je remonte et que j'aille chercher deux ou trois trucs ? Au moins on serait à l'aise...ça risque pas de s'effondrer, l'alcôve est là depuis plusieurs années. A toi de voir mon coeur...mais je veux pas que tu remontes sans manger, c'est pas un bon plan....de plus, on crève de froid la nuit, et même si je te tiens chaud, ça ne suffira pas face à l'océan..."

Emilie réfléchit quelques instants puis finalement se décida.

« Non, on reste ensemble. Ce n’est pas grave, on rentrera tous les deux à la colo tout à l’heure. Après tout, comme tu l’as dit, l’alcôve ne bougera pas, on pourra toujours revenir une autre fois. »

Pour une fois qu’elle se montrait raisonnable… elle regarda la coupure de Mike en en suivant le parcours du bout du doigt, l’effleurant à peine pour ne pas lui faire mal.

« Et puis tu es blessé… ce n’est peut-être pas très grave mais il vaudrait mieux que tu évites de jouer les acrobates. Donc non, quand on remontera, ce sera pour de bon, et tous les deux ensemble. »

* Oui, c’est la meilleure solution… il risque de se faire encore plus mal en descendant une nouvelle fois… inutile de jouer les égoïstes, on pourra revenir un autre jour. *

« Mais on a du temps devant nous avant qu’il ne fasse nuit, non ? Autant en profiter… »

Murmura-t-elle en l’embrassant dans le cou.